Zen as Panda [FINI]

Histoire ■ ■ ■

Bonne est l'action qui n'amène aucun regret et dont le fruit est accueilli avec joie et sérénité. - [Bouddha]

La neige tourbillonnait violemment dans le ciel hivernal de la contrée glacée de
Kaminari no Kuni. Loin, bien loin des formes de civilisation courantes, par-delà les denses forêts enneigées où les pas crissaient sur le sol gelé ; par-delà les monts aux blancs couvre-chefs ; par-delà les paysages hostiles, retranchés dans un austère monastère, vivaient les Saama. Famille de moine parmi tant d'autres, ils vivaient en parfaite harmonie avec leur environnement, ainsi lorsque la lueur d'une étoile perça la voûte nuageuse pour apporter son message luminescent au nouveau-né, tous perçurent ceci comme une bénédiction. Les astres souriaient au garçonnet et celui-ci ne poussa pas même un cri en ouvrant ses yeux à la lumière du jour. Calmement, avec toute la bienveillance dont son capable les jeunes enfants, il sourit ; et sereins, ses géniteurs accueillirent sa venue au monde avec bonheur.

Ainsi débuta la vie du jeune Zenko, élevé au sein même du monastère, bien loin des troubles du monde extérieur. Il passa sa plus tendre enfance auprès de ses parents, choyé et aimé comme tout enfant se devait de l'être. Plein de vie, il profitait de chaque instant avec le même enthousiasme qu'au premier jour et ravissait son entourage par sa bonne humeur. Le clan lui portait une attention toute particulière et attendait avec une hâte non feinte le jour où se dévoileraient enfin des capacités hors normes.

Le paysan creuse des canaux dans les champs, l'armurier façonne la flèche, le charpentier courbe le bois, mais le sage se perfectionne lui-même. - [Bouddha]

Ses géniteurs étaient tout deux des Sanzo Houshi — ou moine de haut rang — ce qui valut à Zenko de recevoir très jeune l'éducation habituellement réservée aux membres confirmés. Cheveux long et robe de cérémonie firent bientôt partie intégrante de son quotidien, de même que les séances de méditation et les réunions avec les grands maîtres du monastère. Initié tôt aux rites les plus complexes, il passait la plupart de son temps libre accompagné de ses aînés, à déambuler dans les longs corridors décorés d'arabesque du monastère. Élève assidu, il faisait le bonheur de ses enseignants et sa curiosité n'avait que d'égal sa motivation dans l'apprentissage. Il assimilait aisément tous les préceptes dispensés en ce lieu saint et rapidement il fit sienne toute la théorie de l'art monacal.

Il convenait ainsi de se considérer soi-même comme un objet, une œuvre ; et le devoir de chaque moine, en tant que tel, était de parvenir à atteindre un état de plénitude et pureté tant sur le plan physique que psychique. Tandis que certains purifiaient leurs esprits à grands renforts de méditation et d'une pratique assidue de la transe métaphysique, d'autres se concentraient sur des exercices visant à la fortification de l'organisme. Cependant il ne s'agissait là que de groupes de spécialisation car tous se devaient de trouver l'équilibre dans leurs pratiques quotidiennes. Et Zenko n'échappait pas à la règle. Tantôt auprès des sôhei — ou moines guerriers — tantôt à l'écoute des grands prêtres du monastère, le garçon s'émerveillait chaque jour de l'arborescence qui s'ouvrait à lui. La voie de Bouddha illuminait son présent d'une kyrielle de chemins lumineux, tous différents et pourtant semblables dans l'impression de bonheur qui en émanait. Le Saama voyait son présent comme un nœud rassemblant une infinité de fils de vie ; il suffisait d'en choisir un pour que tous s'effacent et que tout autant fassent leur apparition.

Celui qui est le maître de lui même est plus grand que celui qui est le maître du monde. - [Bouddha]

Des choix. Ses parents apprirent au gamin l'importance de ceux-ci. Son existence ne serait qu'une succession de choix, importants ou non. Certains le feraient profondément bifurquer sur le chemin de la vie, séparant son sentier de ceux qu'il côtoyait jusqu'à lors tandis que d'autres ne ferait que le dévier, parfois momentanément. Dans le respect de la tradition monacale, toutefois, Zenko se conformait aux règlements et commença par se plier aux diverses obligations d'un tel mode de vie.

Si l'équilibre était en effet prôné par ses aînés, la valeur essentielle que promulguait chaque individu au sein du monastère était bien celle de contrôle, de maîtrise divers tel que le Genjutsu. Coutant les enseignements de Bouddha, les moines se lançaient dans la quête d'eux-mêmes et, tout au long de leur vie et malgré ses aléas, ils gardaient cet objectif. La notion de contrôle impliquait naturellement celle d'équilibre, à savoir qu'il fallait être plus stable que ce sur quoi on désirait exercer une quelconque domination. Or réussir à s'affirmer maître de soi requérait ainsi la recherche d'un soi supérieur, un être à la fois interne et externe qui tiendrait l'enveloppe charnelle et spirituelle sous son emprise. L’interminable continuum de la recherche du soi ; la quête de l'éternel impossible. Sa propre connaissance.

Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement. - [Bouddha]

Zenko méditait. Assis en tailleur sur sa maigre couche, retiré dans sa chambre au fond des dortoirs, il laissait son esprit divaguer. Avec toute le calme dont il était capable, il tentait de réfréner ses pulsions de frayeur tout autant que de ralentir les battements d'un cœur qui ne pulsait que trop depuis de nombreuses minutes. Les hurlements et les grondements lui parvenaient comme amplifiés, réverbérés dans les interminables couloirs de pierre du monastère. Au-dehors, le ciel était couvert, nous étions en tant de guerre shinobi, mais aucun flocon ne venait choir sur les bâtiments, aucune douceur glacée ne venait recouvrir le sol d'un épais manteau immaculé. Non, seul un vent glacial soulevait les fougères, et portait à des kilomètres à la ronde les marques funèbres et sonores des événements qui se déroulaient en ce lieu saint. On avait dit au garçon d'aller se réfugier dans sa pièce, car il y serait soit-disant en sécurité, loin de tous les risques qu'impliquaient de telles batailles. Ses senpais lui avaient bien précisé qu'il ne devait sortir sous aucun prétexte, pas avant qu'un aîné ne vienne l'autoriser. C'était formellement interdit et il se tiendrait à ces directives.

Mais il avait peur. Terriblement peur. Ses membres tremblaient comme des feuilles sous la tempête, sa poitrine secouée de hoquets, se soulevait à un rythme toujours plus saccadé, toujours plus irrégulier. Des craquements sinistres fendait l'air, le monastère tremblait sous les assauts répétés des shinobis, et menaçait de s'effondrer à chaque nouveau coup. Les percussions étaient violentes, emplies d'une rage malsaine. Les moines se défendaient tant bien que mal, mais leur nature originellement pacifiste ne leur était plus d'aucun secours en présence d'une telle force armée. Et jamais de simples hommes de prière ne viendraient à bout de ninja sur-entrainé. Le glas avait sonné dès que le premier rugissement s'était fait entendre, pourtant bien loin par-delà les forêts entourant l'endroit. Le monde était témoin d'un véritable cataclysme, et son visage s'en trouverait changé à jamais.

- Zenko... Zenko !

Les cris de son précepteur tirèrent le Saama de sa torpeur. Pris par ses pensées, il s'était laissé emmener dans le pays des songes et avait sombré dans un profond sommeil, malgré le vacarme qui continuait au-dehors. Katei Kyoushi, son aîné d'une dizaine d'années s'approcha de lui, visiblement paniqué. Du sang tachait ses vêtements ci et là, une longue balafre scindait son torse en deux et plusieurs contusions gonflaient étrangement son visage bleui tant par le froid que par les coups. L'enfant écarquilla les yeux à la vu d'un tel déchaînement de violence et resta bouche bée.

- Les sanzo ont décrété l'état d'alerte. Certains doivent s'occuper des plus jeunes et les amener à l'abri. Je suis chargé de ton cas jusqu'à nouvel ordre. Prends tes affaires ; nous partons sur le champ.

Zenko hésita à demander ce qu'il en était pour ses parents, mais ce n'aurait été que l'expression d'une ultime lueur d'espoir. Il avait déjà compris la réponse alors que Katei n'avait pas achevé sa phrase. La sentence était irrévocable. Et dans quelques minutes il quitterait peut-être pour toujours le monastère. Retenant un sanglot, le garçon se tint droit et s'inclina devant celui devenait son maître et tuteur. puis répondit :

Je suis prêt !

8 années s'étaient écoulées lentement dans le cœur du shinobi... Cela faisait à présent 6ans qu'ils s'était installé à Kumo, là, les talents du jeune Zenko avait fait de lui l'un des ninja les plus prometteur de sa promotion... Détenteur du maniement de l'argile, pratiquant assidu dans divers techniques de Genjutsu et pratiquant chevronné de Kenjutsu. Le jeune homme était à présent l'un des derniers survivant de son clan... Son précepteur emporté par la maladie quelques semaines après leur fuite, il demeurait seul, digne hérité des Saama.